Après Dave Grohl et ses Foo Fighters c'est au tour de Krist
Novoselic de revenir sur le devant de la scène.Tout le monde se
demandait ce qu'il pouvait bien fabriquer dans son coin et cette
question a dorénavant une réponse. Mais le bassiste de feu
Nirvana, aujourd'hui guitariste (décidément, c'est une manie !)
de Sweet 75, ne se contente plus de jouer de la musique puisqu'il
la défend également contre les foudres de la censure. Récit
d'un parcours post-Nirvana mouvementé... La plupart des fans de
rock ne voient en Krist Novoselic que l'ancien bassiste de
Nirvana, ce type incroyablement grand et quelque peu loufoque qui
lança sa basse en l'air lors de la cérémonie de remises des
MTV Vidéo Music Awards en 1992 et perdit connaissance
lorsqu'elle lui retomba sur le crâne. Depuis, Novoselic s'est
réveillé, et ce de multiples façons. Tirant parti de
l'influence et de la richesse que lui procura son appartenance à
l'un des groupes les plus en vue des années 90, il fit son
entrée dans l'arène de la politique en combattant la censure.
Il s'associa à la WMIC (Washington Music lndustry Coalition), un
comité de soutien populaire constitué en vue de lutter contre
la loi "érotisme et musique" ayant pour objet
d'interdire aux mineurs d'acheter des albums dont le contenu est
considéré comme "adulte " ou "tendancieux
". Puis il poursuivit son action en co-fondant et en
finançant le JAMPAC (Joint Artists and Music Promotions
Political Action Committee), dont le but est de parvenir à faire
prendre conscience aux politiciens que les musiciens et les tans
sont des électeurs et des contribuables dont les préoccupations
méritent d'être entendues. Novoselic demeure réticent à
évoquer le suicide de son ami Kurt Cobain, mais son activisme
semble l'avoir aidé à traverser l'une des périodes les plus
sombres qu'il ait connues en trente ans d'existence. Ayant
aujourd'hui juré de renoncer aux drogues comme à l'alcool, il
parle de politique avec le même enthousiasme communicatif que
lorsqu'il parle de rock n' roll. En outre, il a repris du service
au niveau musical Sweet 75, son nouveau trio, vient d'enregistrer
son premier LP, et sa sortie est prévue pour le deuxième
trimestre. Novoselic s'est longuement expliqué au sujet du
JAMPAC au cours de cette interview réalisée dans un hôtel
newyorkais. " Mes amis m'appellent "le sénateur
Krist" ", dit-il en riant. " N'ai je pas réussi
ma percée ? J'espère seulement que ce que je raconte ne
ressemble pas à un cours d'éducation civique ! "
Commençons
par le commencement comment es-tu devenu politicien ?
J'étais déjà politisé au lycée. J'avais l'esprit ouvert et
je n'aimais pas beaucoup Reagan. Je me suis fait les dents avec
le punk rock radicaliste - les Dead Kennedys, le magazine Maximum
RockNRoll et MDC. C'étaient les seules voix qui s'élevaient
contre Reagan à l'époque, a fortiori pour quelqu'un qui
habitait Aberdeen et qui n'avait que dix-huit balais. Je n'était
pas spécialement enclin à me plonger dans d'arides analyses
politiques. J'avais besoin de quelque chose qui me parlait, que
je pouvais comprendre.
Les
opinions exposées par MDC ne volaient cependant pas très haut.
Comment un titre comme " Fuck Reagan " peut-il
déboucher sur quoi que ce soit ?
L'état d'esprit dans lequel j'étais se résumait à être
anti-establishment et à me sentir différent. J'ai réalisé que
ce n'était pas moi qui avais un problème, mais eux. Ils avaient
complètement intégré le système et je me suis dissocié
d'eux. Les Républicains et même les Démocrates - moi je m'en
foutais complètement. Mais quand j'ai eu dix-huit ans j'ai voté
pour Walter Mondale et, depuis, j'ai toujours participé aux
élections présidentielles.
Mondale
s'est fait descendre en flammes. Qu'est-ce que ça t'a inspiré ?
Ça ne m'a pas brisé le coeur. Ce n'était pas comme Si ça
aurait pu vraiment changer la situation. Walter Mondale n'était
pas franchement un radicaliste. Mais j'ai voté, je me suis
exprimé.
Et
quelle fut l'étape suivante ?
Eh bien Nirvana a toujours eu un côté politique. On parlait de
certaines choses et des sentiments qu'elles nous inspiraient. En
91, on a eu l'Opération "Tempête du Désert " et ça
m'a scié de voir que tout le monde gobait l'histoire. Je vivais
à Tacoma, une ville très Amérique profonde de l'état de
Washington, et ce qui s'y passait était aussi effrayant que
surréaliste : le gouvernement redoublait d'hypocrisie et la
population n'y voyait que du feu. Puis, six mois plus tard, la
culture mainstream qui s'était laissée duper par la "
Tempête du Désert " se jetait sur nous. Ça nous
révulsait, on se demandait qui étaient ces gens-là. Il nous a
fallu pas mal de temps pour arriver à nous y faire.
Comment
t'es-tu retrouvé impliqué avec le WMIC ?
En 92, des politiciens ont essayé de faire passer une loi
fédérale au champ d'application assez large qui s'avérait
particulièrement redoutable. Mettons que tu aies écrit des
paroles contenant le mot " cul ". Selon ceux qui
déposèrent ce projet de loi, tu faisais référence à une
partie du corps humain, en conséquence de quoi ton morceau
pouvait être considéré comme "adulte" et donc
interdit aux mineurs. Quelqu'un pouvait alors aller voir le
procureur en lui disant qu'il le trouvait obscène, puis ce
dernier prononçait son verdict en décidant de le classer
érotique " ou non. Moi je me disais que c'était
anti-américain et anticonstitutionnel, mais le projet est
passé, le gouverneur l'a signé, et il est devenu une loi. Le
WMIC, l'American Civil Liberties Union et la Recording lndustrv
Association 0f America l'ont combattue devant la Cour Suprême de
l'état et elle a effectivement été déclarée
anticonstitutionnelle, mais le projet a été redéposé l'année
suivante. Aujourd'hui, Si quelqu'un avait porté plainte contre
Nirvana, on aurait pu s'offrir les cent dollars de l'heure que
prennent les avocats, mais Si tu es un artiste qui se bat pour
survivre ou Si tu es un petit disquaire indépendant, tu ne peux
pas te permettre de te faire défendre au tribunal, et tu as par
conséquent plus de chances de ne pas aller jusqu'au bout.
Quand
as-tu franchi le pas ?
La première fois que je suis intervenu dans cette controverse,
je suis allé à une émission télévisée, une espèce de
talk-show où j'étais opposé à cette femme d'Edmunds, une
ville de l'état de Washington, qui avait engagé une procédure
parce que ses enfants étaient rentrés à la maison avec un CD
de 2 Live Crew et qu'elle l'avait trouvé abject. J'étais
vraiment nerveux, je connaissais assez mal la législation et je
me suis contenté d'exposer les choses de mon point de vue. Elle
m'a dit que j'étais un jeune homme très bien, qu'elle n'avait
rien à reprocher à Nirvana et que c'était ce groupe-là, 2
Live Crew, qui n'allait pas. Ces gens font toujours une fixation
sur les extrêmes, c'est ça qui m'énerve.
Qu'est-il
advenu de cette législation ?
Elle continue de refaire surface de temps en temps, à cause de
ces fanatiques qui ont peur que leurs enfants perdent leur
innocence. En 92, on a élu Mike Lowry, un type merveilleux, au
poste de gouverneur. Il a opposé son veto à la législation en
93, puis une seconde fois en 94, mais l'année dernière il s'est
passé de drôles de choses, parce que la législature a changé.
Ce projet de loi a fait son chemin jusqu'à la Chambre des
Représentants et on a donc décidé de faire du lobbying auprès
du sénat. J'ai pris du recul, j'ai observé comment le système
fonctionnait et je me suis dit que Si je ne pouvais rien faire
contre lui, il faudrait que je fasse avec.
Et
tu as alors fondé un comité d'action politique afin d'être
pris au sérieux ?
Exactement. J'aurais pu lancer une pétition ou organiser une
manifestation sur les marches du Capitole, mais j'ai jugé
préférable d'y entrer directement, d'y serrer des mains, d'y
nouer des relations, de récolter des fonds pour ma campagne et
de devenir ainsi une partie intégrante du système poli-tique.
C'est comme ça que ça marche Si tu veux qu'on te prenne au
sérieux. Au cours de ces deux ou trois dernières années, les
groupes de Seaffle ont vendu plus de cent soixante millions
d'albums et personne n'a bougé le petit doigt! J'ai réalisé
que l'establishment c'était nous aujourd'hui. C'est nous qui
générons tout cet argent. Microsoft fait du lobbying,
Weyerhauser et Boeing aussi... ils sont tous actifs
politiquement. Et tu crois que le gouvernement tentera quoi que
ce soit qui puisse nuire à ces compagnies ? Jamais de la vie!
Ayant
vaincu cette législation à plusieurs reprises, pourquoi
t'excites-tu encore autant à son sujet ?
Parce que la censure revient au galop dans tout le pays. Regarde
Bob Dole : il n'a jamais vu PuIp Fiction ni écouté Nine lnch
Nails, mais la femme de George Will lui écrit un discours et le
voilà qui part en croisade. Tous ces gens agitent le drapeau de
la défense de la famille. Ils vont se coucher en rêvant
d'idéaux datant des années 50. Mais Si tu jettes un oeil
attentif sur l'économie des fifties, tu t'aperçois qu'elle
offrait de nombreuses opportunités. Je crois qu'ils sont en
train de pisser sur les arbres. Ils veulent mettre la moralité
sous mandat, !mais si tu offres à chacun des opportunités, tout
le monde veut finalement la même chose vivre et prospérer.
Vouloir rendre l'économie responsable des problèmes sociaux est
à mon avis complètement stupide.
Qu'as-tu
pensé de l'attaque contre Time Warner ?
Toute cette histoire avec lnterscope Records... Quel est le
pourcentage de groupes ouvertement pornographes, misogynes ou
violents ? Très peu, en fait. De l'ordre de trois ou quatre pour
cents. Mais ils veulent aussi contrôler les quatre-vingt-seize
pour cents restants qui sont parfaitement corrects. Et ceci n'a
tout simplement aucun sens. Si Dolores Tucker était réaliste,
elle n'irait pas tambouriner à la porte des réunions des
actionnaires de la Time Warner pour mettre en cause leur
responsabilité, elle irait plutôt frapper à celles de ces
corporations qui investissent de l'autre côté des mers au lieu
d'investir dans les quartiers chauds de nos villes.
Ne
crois-tu pas que certaines personnes vont un peu loin dans leur
combat pour censurer des groupes véhiculant des messages
tendancieux ? Je pense en particulier un rock-critique activiste
Dave Marsh qui compare NWA à Henry Miller" Yo bitch / Get
in my pickup /And suck my dick Up / 'TII you hic-cup
"(" Eh toi, salope / Monte dans ma fourgonnette / Et
suce-moi à fond / Jusqu'à c'que tu hoquettes "), ce n'est
pas tout à fait pareil que Le Tropique du Cancer... ?
Je ne veux pas défendre ce type de paroles, mais, Si tu y
regardes de plus prés en ouvrant ton esprit, tu pourrais plutôt
te demander d'où sortent ces gars-là. Je trouve leurs textes
profondément immatures, mais je ne me sens en aucun cas menacé.
Peut-être est-ce dû au fait que je suis un homme blanc et que
je n'ai pas besoin de marcher tout seul la nuit en tremblant de
peur à chaque fois que j'aperçois quelqu'un tapi dans l'ombre?
Pour en revenir à Dave Marsh, c'est son interprétation et je
n'ai rien à en redire. Mais, généralement, je suis d'accord
avec lui à propos des concepts de base - notamment lorsqu'il
considère que classifier les disques comme on le fait avec les
films est une forme de censure et que créer une section
réservée aux adultes dans les magasins de disques en est une
autre.
Comment
un parent légitimement concerné peut-il surveiller ce
qu'écoutent ses enfants, alors ?
Si tu t'inquiètes vraiment pour eux et que tu veux les
impressionner, va t'acheter quelques magazines de rock et essaie
d'en saisir la finalité. Vois ça comme une chance qu'on t'a
donnée en tant que parent. Et Si tu te montres réellement à la
hauteur avec ton enfant et qu'il te dise lui-même que tel ou tel
groupe est naze, là tu pourras dire que tu auras gagné, car
cela signifiera que tu auras réussi à lui inculquer tes propres
valeurs.
Tu
parles de politique comme s'il s'agissait d'un truc cool, avec
presque autant de ferveur que quand tu parles de rock n' roll.
Qu'a-t-elle donc de Si amusant ?
Ce qui est amusant, c'est de voir les résultats que tu peux
obtenir et la façon dont les gens interagissent les uns avec les
autres. A une certaine époque, j'étais persuadé que je ne
signerai jamais d'autographes. Ma notoriété me faisait criser
et j'essayais de la nier. Alors qu'aujourd'hui je rencontre des
tas de gens et je leur demande leurs noms ou comment ils vont.
Mais je fais en sorte de rester vrai avec eux. C'est aussi
amusant parce que c'est un jeu. Tu mets tout ton coeur à les
soutenir, tu veux qu'ils gagnent la bataille, tu travailles pour
eux, et l'enjeu est d'ordre émotionnel. Tu as envie d'être du
côté des gagnants. Il faut savoir utiliser la démocratie.
Sinon, c'est comme Si tu étais membre d'un club, que tu payais
les cotisations mais que tu n'allais jamais au club et que tu ne
profitais donc pas de ses avantages.
Les
cyniques pourraient dire qu'il est facile pour toi de t'impliquer
dans ce combat, vu que tu n'as pas à travailler... ?
Depuis que je ne bois plus, je me lève le matin et j'avale un
substitut de café au petit déjeuner dont je lis scrupuleusement
le papier d'emballage. Je ne fais rien d'autre à moins d'y être
contraint. Sinon, c'est le train-train quotidien, le boulot...
et, tu as raison, je n'ai nul besoin de travailler. Mais Si je ne
me sentais pas l'envie de m'occuper de mon comité d'action ou de
faire de la musique, je pourrais fort bien prendre ma retraite,
partir vivre dans une ferme, faire pousser des patates et
fertiliser mon sol avec des excréments de chèvre. Je pourrais
peindre des aquarelles, faire du macramé, décorer des gâteaux
ou faire quoi que ce soit que je me serais obligé à faire.
Mais, là, en l'occurrence, c'est ça que je me suis obligé à
faire. Je me souviens être allé à un conseil municipal de la
ville de Hoquiam, où l'on débattait de l'éventualité de faire
passer le Lollapalooza, et chacun avait droit à la parole. Tu
avais le chef de la police qui pensait que c'était une mauvaise
idée parce qu'il n'avait pas assez d'effectifs. Tu avais des
businessmen qui pensaient, eux, qu'elle était bonne, parce que
ça injecterait de l'argent dans l'économie locale. Tu avais des
gens qui s'inquiétaient de l'augmentation du trafic automobile
et tu avais ces mômes qui disaient qu'on devait leur laisser
ceffe chance. Finalement, le conseil municipal a accepté. Mais
rien que le fait de voir ces kids prendre la parole pour exprimer
leur point de vue était déjà cool. C'était un bel exemple de
démocratie en action. Si tu te sens privé de droits civiques,
tu devrais essayer de goûter à la démocratie.
Beaucoup
de gens qui s'en sentent privés se tournent plutôt vers des
mouvements miliciens. Que crois-tu qu'ils aient de si attirant ?
Je déteste parler de ça. Je crois qu'il a toujours existé de
tels mouvements. C'est simplement qu'on leur fait beaucoup plus
de publicité aujourd'hui. Je suis un défenseur du premier
amendement de la Constitution Américaine, mais je le suis aussi
du second, et on ne peut donc pas vraiment dire que je sois un
libéral. La National Rifle Association crie au scandale à
propos de Waco et de Ruby Ridge - ce en quoi elle a raison , mais
où était la NRA au début des années 80 lorsque les bureaux du
MOVE et tout un bloc de Philadelphie ont été réduits en
cendres ? Où était-elle lorsqu'il s'agissait de mettre en cause
la responsabilité d'Edwin Meese ? Je possède des armes à feu,
mais je ne suis pas membre de la NRA. Pas question.
Tu
as pourtant vu quels effets dévastateurs les armes à feu
pouvaient avoir sur ta propre vie. Pourquoi en possèdes-tu ?
(Long soupir) Je veux protéger ma famille. Il y a tout un tas de
tarés dehors et ils sont armés. Les gens qui se sont retrouvés
désarmés en ex- Yougoslavie ont de grandes chances de se
trouver aujourd'hui au fond d'une fosse commune. Mais je ne veux
pas que ceffe interview tourne autour des flingues.
0K,
raconte-moi comment tu as rencontré ta chanteuse, Yva Las Vegas,
et formé Sweet 75...
Yva vient du Venezuela, ce qui donne un côté international au
groupe. Yva a chanté à la fête organisée pour mon
anniversaire en 94. Elle se produisait au Pike Place Market (à
Seattie), un ami l'y a vue et il a pensé qu'elle serait parfaite
pour chanter en mon honneur. Elle a entonné quelques reprises
folkloriques sud-américaines, elle débordait d'énergie et elle
avait beaucoup de talent. Il y avait quelques guitares qui
traînaient dans la maison, j'en ai attrapé une et on a jammé
ensemble. Quelques idées intéressantes en sont sorties, j'ai
donc commencé à collaborer avec Yva et on a composé quelques
morceaux. C'est du grunge, par certains aspects, mais avec
quelque chose en plus, spécialement parce que c'est une femme
qui chante. Et c'est seulement le deuxième groupe dans lequel
j'aie joué.
Es-tu
inquiet à l'idée que tout le monde s'attend à ce qu'il ait un
énorme succès parce que tu étais dans Nirvana ?
Mais on est vraiment bons! Je me sens très excité - Si je ne
l'étais pas, je ne ferais d'ailleurs pas partie de ce groupe. Et
la façon dont il sera promu ne me pose pas de problèmes non
plus. Je ne fais plus de crise d'identité due à ma notoriété.
Je suis qui je suis, et Si les gens viennent voir Sweet 75 parce
que je suis un ex-Nirvana, c'est très bien. Je prends ça comme
un avantage, car je crois qu'on mérite réellement d'être
écoutés.
Ni
toi ni Dave Grohl, ton ancien complice, n'avez jamais parlé
publiquement de Kurt Cobain depuis son suicide. Pour quelle
raison ?
Parce qu'il n'y a rien à en dire, je t'assure. Ce genre de
choses arrive tous les jours aux USA. La drogue, les mecs qui
disjonctent... la notoriété n'a fait qu'aggraver la situation,
mais ça n'a rien de romantique, c'est juste tragique et
douloureux. Et ça ne regarde personne. Qui cela pourrait-il
intéresser?
Des
tonnes de gens, parce que la musique que vous jouiez les
touchait...
Il serait inapproprié de dire quoi que ce soit. Les retombées
émotionnelles que Dave et moi endurons n'ont aucune commune
mesure avec ce que peuvent ressentir ceux qui n'ont connu Kurt
qu'au travers de sa musique. Certaines choses doivent rester
secrètes. On ne peut pas vivre toute sa vie à l'abri des
tragédies. Tes parents meurent, et, un jour, toi - ou ta femme -
tu mourras aussi. La vie est dure et la plaie ne s'est pas encore
cicatrisée.